5 erreurs typiques de films étudiants

5 erreurs typiques de films étudiants

Le cinéma a toujours séduit par sa manière de raconter des histoires, chacune aussi subjective que le réalisateur qui lui a donné vie. Tous les ans, de nouveaux jeunes talents décident de se lancer dans la réalisation d’un métrage. Mais l’exercice est plus difficile qu’il n’y parait… La chaîne Youtube « This Guy Edits » a listé 5 erreurs typiques de films étudiants et quelques conseils pour les rattraper.

1-Transcrire sa propre expérience dans son film

Les premiers métrages et les métrages étudiants sont souvent basés sur une expérience vécue : par le réalisateur, le scénariste… Mais il ne suffit pas de retranscrire sa propre expérience pour arriver à toucher son public. Bien sûr, cela ne signifie pas qu’il ne faut pas s’inspirer d’événements qui se sont vraiment produits, ou d’un ressenti personnel. Mais il faut savoir comment tourner ces expériences personnelles en quelque chose de plus générique, plus universel. L’art du cinéma n’est pas de faire en sorte que le spectateur éprouve simplement de la sympathie pour le personnage. Il faut que le public s’identifie au personnage pour susciter une vraie empathie.

Ca se rattrape : le travail du monteur est de faire transparaître une certaine dynamique émotionnelle qui permet de donner un rythme au film. C’est généralement préférable de confier la post-production à un monteur plutôt que de monter son film soi-même. En effet, une personne extérieure regardera le film avec un oeil nouveau et cherchera les rushes les plus significatifs pour faire ressortir cette dynamique émotionnelle.

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2-Le casting et le jeu d’acteurs

Ne pas accorder assez d’importance au casting est la deuxième erreur courante dans un film étudiant. Et pourtant, c’est l’une des choses primordiales ! Le casting est une étape complexe et souvent, par manque de temps et de budget, les acteurs se trouvent être des membres de la famille, des amis, des connaissances qui suivent ou ont suivi des cours de théâtre. Mais il arrive souvent que leur talent ne soit pas à la hauteur du personnage qu’ils doivent jouer. Être acteur, ça ne s’improvise pas. Il faut donner vie au personnage, donner vie au scénario… Cela peut vraiment valoir le coup d’attendre la bonne personne, car elle peut potentiellement transformer le film — dans le bon sens du terme.

Ca se rattrape : malheureusement difficilement, la magie du montage a ses limites… C’est pourquoi il est essentiel de bien sélectionner en amont les acteurs qui vont donner vie aux personnages. Il arrive aussi que, lors des auditions, un acteur se fasse remarquer bien qu’il ne corresponde pas tout à fait au personnage. Il est alors possible de modifier légèrement le scénario ou le personnage pour qu’il colle mieux à l’acteur. Avant le tournage, tout reste modifiable.

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3-Les dialogues

Trop souvent, l’erreur dans un film étudiant est de mettre trop de dialogues, surtout dans une scène d’exposition. Avoir le souci du détail est bien entendu une bonne chose, mais il y a beaucoup d’informations qui peuvent être transmises au spectateur de manière visuelle, dans le contexte sonore… sans passer par des lignes de dialogue. Au cinéma, il est inutile de raconter l’action (ex: « J’en ai assez, je m’en vais !« ) puisqu’elle est visible à l’écran .

Ca se rattrape : encore une fois, au montage, il est possible de couper des pans entiers de conversations. Mais cela peut aussi être évité en amont, lors de l’écriture du scénario. Lors du découpage également, où le réalisateur peut décider d’utiliser des plans précis, un certain éclairage, de la musique / un fond sonore, les expressions faciales des acteurs… pour faire passer certaines informations.

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4-Trop de plans différents pour montrer une même scène d’émotion

C’est parfois le résultat d’une rechercher stylistique. Mais enchaîner différents plans (large, gros plan, rapproché, pano…) qui montrent un personnage, souvent perdu dans ses émotions, est une erreur. C’est une succession de plans dans lesquels il ne se passe rien, et qui n’a aucune incidence ni sur le personnage, ni sur l’intrigue. Un petit garçon qui pleure, une jeune fille qui dort dans son lit… Pas besoin de s’éterniser en différents plans. Cela ne donne que des minutes de film en plus. Une continuité de séquences de ce genre peut vite ennuyer le spectateur, c’est ce qui amène le fameux et redouté « ce film était trop long ».

Ca se rattrape : ne garder qu’un ou deux plans significatifs et couper le reste au montage. Il faut mettre l’emphase sur l’information importante de la séquence, son climax : que veut-on montrer ? Les étapes qui permettent d’arriver à ce climax sont les plans à conserver. Pendant la phase de pré-production, il est conseillé de lire son script en se chronométrant. Cela va aider non seulement à construire un rythme, une dynamique dans la scène, mais aussi tout au long du film.
Vous pouvez par ailleurs retrouver nos quelques conseils pour donner du rythme à un montage vidéo juste ici.

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5-Mal répondre à la question « Il parle de quoi, ton film? »

Sans doute le plus grand problème, celui dont découle les erreurs énoncées ci-dessus. Le premier réflexe d’un réalisateur novice est de raconter le plot de son film en réponse à la question « De quoi parle ton film ? » Seulement, le plot n’est pas vraiment « ce dont parle le film ». Ce que l’interlocuteur demande, c’est le thème abordé. Et il arrive que le réalisateur ne sache pas répondre. Or, le thème est la base du film, c’est lui qui permet de connecter les spectateurs au film (voir problème 1). Sans base solide, le film sera décousu. Il y aura des enchaînements de plans inutiles, des dialogues trop longs pour tenter d’expliquer l’intrigue. Effectuer un casting sera difficile car le réalisateur n’a pas d’idée précise sur ce qu’il recherche.

Ca se rattrape : En phase de pré-production, il est impératif de poser les bases avant de se lancer dans l’écriture de son scénario. De quoi parle mon film ? Quelle idée ai-je envie de développer à travers ce film ? Comment vais-je aborder cette idée ? Enoncer clairement le thème développé dans le film va aider à forger sa perspective et à prendre des directives scénaristiques.

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Comment vérifier l’efficacité de nos conseils ? En nous envoyant vos métrages !


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Interview : Florent Aceto pour Action contre la Faim

Interview : Florent Aceto pour Action contre la Faim

Florent Aceto est photographe et réalisateur indépendant. En 2016, il crée l’agence Wildbee, spécialisée dans la production vidéo. Il nous raconte son expédition en Irak et en Jordanie en octobre 2018 pour Action contre la Faim.

Florent, parle-moi de ce projet pour Action contre la Faim :

C’est un projet sur lequel j’ai été amené à travailler par le biais de mon agence, Wildbee. Ce projet a eu lieu en octobre dernier (2018), le tournage a duré une dizaine de jours. J’ai suivi deux professeurs français dans le cadre de la Course contre la Faim, un événement organisé par l’ONG. Cet événement a lieu dans les écoles françaises, et c’est la première fois dans l’histoire d’Action contre la Faim que des professeurs partaient sur le terrain pour découvrir les programmes qui sont mis en place. J’ai été mandaté pour réaliser le reportage de cette visite, et donc d’aller au contact des bénéficiaires et des équipes de l’ONG en Irak (au Nord) et en Jordanie.

Un camp de réfugiés - ©Florent Aceto
Un camp de réfugiés – ©Florent Aceto

Comment prépare-t-on un tournage en Irak et en Jordanie ?

C’est vrai qu’il y a normalement beaucoup de contraintes. Il faut bien sûr obtenir une autorisation de tournage sur le territoire, des visas dans un cadre humanitaire… Comme ce projet était dirigé par Action contre la Faim, c’est plutôt leurs équipes qui se sont chargées de la production. En terme d’administration, ils bénéficient du statut d’ONG donc c’est un peu particulier.

J’ai également suivi une formation de sécurité dispensée par des anciens militaires et humanitaires, obligatoire depuis 2018 pour les équipes humanitaires et le personnel extérieur comme moi. Cette formation dure 3 jours, on apprend à réagir en cas d’éventuelles attaques, prises d’otages, etc. De nombreux journalistes suivent aussi cette formation, c’est recommandé quand on part dans des pays « à risque ».

Et puis il y a bien sûr la liste matériel, je pense que c’est surtout ça qui t’intéresse (rires). Il faut trouver le matériel qui conviendra le mieux à ce type de projets, sachant qu’il faut être mobile et pas trop lourd. Là, j’étais tout seul dans l’équipe technique — j’étais cadreur et JRI (journaliste reporter d’images, NDA) — donc je voulais une caméra qui donne de belles images sans être trop contraignante en terme de poids. J’ai cherché parmi des loueurs plus « classiques » et sur LightyShare, et je suis tombé sur le pack Canon EOS C200 loué par Aurélien. C’était l’offre la plus intéressante en terme de prix, et puis j’ai eu un bon feeling avec Aurélien. Je l’ai bien entendu rassuré sur le cadre et les conditions de sécurité dans lesquelles j’allais filmer (rires).

Florent Aceto et sa caméra - Crédit photo ©Forent Aceto
Florent Aceto et son matériel – ©Forent Aceto

Est-ce que tu as rencontré des problèmes relatifs aux conditions climatiques et météorologiques de la région ?

Ca n’a pas posé de problème au niveau du matériel, heureusement ! C’est vrai que nous avons eu un peu de tout : la pluie, la chaleur, les tempêtes de sable… Pour le sable, j’avais prévu le coup. Lors de la formation de sécurité, un des militaires m’avait conseillé d’emporter du strap élastique comme on trouve dans les pharmacies, pour envelopper la caméra. Je n’en ai finalement pas eu besoin ; quand nous étions bloqués dans la tempête j’ai utilisé une sorte de foulard, c’était suffisant. Bon, la caméra était un peu poussiéreuse en rentrant, donc je l’ai soigneusement nettoyée avant de la rendre à Aurélien (rires).

As-tu d’autres anecdotes, ou des événements marquants, de ce tournage à nous partager ?

Pas d’anecdotes particulières, mais c’est vrai que le contexte du tournage en lui-même était assez marquant. Nous avons visité un camp de réfugiés syriens en plein désert jordanien. C’est forcément impressionnant de voir un camp de 40 000 personnes, qui devient un peu comme une ville, finalement. C’est un agencement très bien organisé de petits baraquements, de tentes, d’abris construits par des ONGs. Il y a dedans une population qui vit tant bien que mal, dans une période de transition qui peut durer déjà depuis 4 ou 5 ans selon les familles. C’était un point clef du tournage.

Je pense aussi qu’on a tous été émus par les enfants. Surtout pendant la tempête de sable, qui s’est levée pendant la sortie des classes — il y a 4 petites écoles dans le camp. Voir les enfants courir comme n’importe quels autres enfants, évoluer dans cet environnement hostile, c’est vraiment émouvant. Donc non, pas d’anecdotes, mais des moments marquants et forts. C’est un contexte particulier, tellement loin de ce qu’on peut vivre en France, ou ailleurs.

Les enfants dans la tempête de sable - ©Florent Aceto
Les enfants dans la tempête de sable – ©Florent Aceto

Après, sur le reste du voyage, j’ai beaucoup apprécié l’Irak. Surtout la population locale, on a été super bien accueillis partout. C’était assez impressionnant de voir comment travaillent les grosses ONGs comme Action contre la Faim. On se rend vraiment compte de tous les procédés mis en place pour aider les populations. D’un point de vue extérieur, on a du mal à visualiser. On sait qu’il y a des demandes de dons, mais certains disent que l’argent est mal utilisé, parfois détourné… Pour avoir vécu l’expérience, j’ai réalisé qu’il y avait vraiment beaucoup de travail et les équipes font de réels efforts pour faciliter le quotidien des populations locales.

Est-ce que voir tout ça t’a influencé dans le montage, est-ce que tu avais déjà une direction de réalisation précise…?

Je n’avais pas vraiment d’idée d’orientation technique ou esthétique précise. Pour moi, la mission n°1 était déjà d’avoir des images. Avant le départ, on ne savait pas trop ce qu’on allait pouvoir filmer ou pas. Tout s’est fait vraiment comme un reportage, en impro. Donc l’objectif en terme d’esthétique c’était d’avoir les images les plus qualitatives possibles. Les plus proches de la réalité aussi, bien entendu. L’idée était de retracer le plus fidèlement possible le voyage des deux professeurs dans le premier film que nous avons sorti. Il y en a encore deux autres en cours de montage. L’un est spécifique à l’Irak, et l’autre à la Jordanie.

Reportage réalisé par Florent Aceto en Irak et Jordanie à l’occasion d’une visite de programmes humanitaires par deux professeurs français, participants de la CCF.

Pour les deux autres vidéos qui vont sortir, l’objectif est de montrer les programmes qui sont mis en place là-bas. Le public verra comment Action contre la Faim utilise l’argent des dons.

Je suis assez satisfait du rendu, malgré le temps très court de tournage — on ne restait chaque fois sur place qu’une heure ou deux pour des contraintes de sécurité. Satisfait de la caméra aussi, elle est simple d’utilisation, le rendu image et son est satisfaisant à un niveau professionnel.

Quels sont tes prochains projets ?

Je travaille sur pas mal de petits projets en ce moment, sans compter le montage des deux autres films pour Action contre la Faim. Dernièrement, nous avons réalisé le clip vidéo d’une artiste indépendante. Il y a également une série de vidéos pour une startup en préparation, des captations, des reportages…

Mais le plus gros projet de l’année, qui nous tient depuis un bout de temps, c’est le studio. On a ouvert un plateau de tournage à Montreuil dans une ancienne usine, il y a un peu plus d’un an, avec un cyclorama 3 faces. C’est un projet qui nous demande du temps mais qui est en train de prendre de l’ampleur. On l’a d’ailleurs mis en location sur la plateforme LightyShare, j’espère que cela amènera du monde (rires).


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Comment le web a influencé l’audiovisuel

Comment le web a influencé l’audiovisuel

En ce jour du 12 mars 2019, nous fêtons les 30 ans du web. C’est l’occasion de faire une petite rétrospective sur l’influence du web sur l’audiovisuel.

De nouveaux modes de consommation

Sans surprise, la première chose que le web a bouleversée de par son apparition, ce sont les modes de consommation de l’audiovisuel. Il y a le cinéma et la télévision, mais l’audiovisuel est désormais aussi disponible sur l’ordinateur, la tablette, le smartphone… Grâce à la VOD, dont une grande partie de l’offre mondiale se trouve sur le web.

Mais aussi grâce aux OTT (Over the Top), ou services de contournement en français. Le nom ne vous dit sans doute rien mais vous en utilisez au quotidien. Cette appellation regroupe tous les services qui permettent d’accéder à du contenu multimédia sur internet, sans passer par un opérateur de réseau traditionnel (chaînes de télévision, plateformes VOD, offres triple play des services télécom…). Cela comprend donc le streaming. Le plus vieil OTT est notre bon ami Youtube, créé en 2005. Et le dernier à faire des remous dans la sphère de l’entertainment est Netflix.

Le web a tant changé les modes de consommation de l’audiovisuel que des grandes chaînes de télévision comme HBO se sont mises à la diffusion en OTT, et leurs replays sont disponibles sur internet.

L’apparition de nouvelles offres

La mise en place de tous ces nouveaux services a fait émerger de nouvelles offres en matière d’audiovisuel. Youtube en a d’ailleurs été l’acteur clé. La toute première vidéo mise en ligne sur Youtube est… un vlog. De 19 secondes, certes, et elle servait sûrement un essai technique plutôt qu’une recherche artistique. Mais « Me at the zoo », cette vidéo de l’un des fondateurs du site a engendré la création d’une nouvelle forme de contenu : le vlog, ou blog vidéo.

Youtube a offert la possibilité de publier ses propres vidéos. Du simple vlog au court-métrage défendant des causes humanitaires, en passant par la web-série futuriste plantée dans un décor post-apocalyptique, Youtube a offert la possibilité aux internautes de s’exprimer et de se faire entendre par l’intermédiaire de la vidéo. Ce sont autant de formats vidéo qui n’auraient pas existé sans internet. Aujourd’hui, tout le monde a la possibilité de produire du contenu audiovisuel. Le web n’a pas simplement influencé l’audiovisuel, il l’a rendu (potentiellement) accessible à tous… Jusqu’à une désacralisation du monstre appelé cinéma ? Aujourd’hui, des OTT comme Netflix sont capables de produire leurs propres films et d’avoir le privilège de leur diffusion, au grand mécontentement de notre ami Steven Spielberg.

Et ces créations soulèvent des questions importantes dans le monde de l’audiovisuel : le cinéma, tel que nous le connaissions, peut-il vraiment conserver la même définition ? A partir de quand une oeuvre vidéographique peut-elle être considérée comme du cinéma ? Quel avenir attend la production et la diffusion de films ?

Quoi qu’il en soit, le web n’a pas fini d’influencer l’audiovisuel. N’hésitez pas à réagir, nous sommes curieux de connaître votre avis sur toutes ces questions !


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4 conseils pour écrire un bon dialogue dans un scénario

4 conseils pour écrire un bon dialogue dans un scénario

Qui n’a jamais trouvé, en regardant un film, que certaines répliques semblaient bizarres, fausses, ou mal formulées ? L’écriture n’est jamais chose facile, et encore moins à l’écran. Nous donnons aujourd’hui quelques conseils pour écrire un bon dialogue dans un scénario.

L’utilisation du dialogue au cinéma

Rappelons tout d’abord qu’à la différence d’un roman ou d’une pièce de théâtre, au cinéma, c’est l’image qui prime — même si le son est important aussi. À l’époque du cinéma muet, la compréhension du scénario reposait sur les gestes et les expressions faciales des acteurs, ainsi que leur évolution dans le décor. Mais depuis l’apparition du son au cinéma, le dialogue est devenu l’une des choses auxquelles le spectateur va porter le plus d’attention. Il sert à donner un sens plus profond au jeu des acteurs et à développer l’action par l’intermédiaire des personnages qu’ils incarnent. Il est donc essentiel d’accorder de l’importance à l’écriture de ses dialogues.

Conseil n°1 : chaque dialogue a un but.

Nous venons de le voir, un dialogue a une utilité. De manière générale, il porte et supporte le jeu des acteurs, et de manière ponctuelle, il sert à faire avancer l’action. Gardez-vous donc d’écrire un dialogue pour « combler des minutes » ou « créer des pauses dans l’histoire » ! Le résultat donnera des échanges vides, creux, voire parfois ennuyeux.

Le dialogue donne une information qui produit ou développe des obstacles, rend compréhensibles des événements qui se sont passés ou qui vont se passer dans le film… Le dialogue doit donc rester clair. On notera cependant que les écarts tels que les pointes d’humour, les tirades panache… sont (très) appréciables, la vie n’est pas que données factuelles ! Pour ne citer que quelques exemples : Pulp Fiction et V pour Vendetta

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Conseil n°2 : ne pas se servir de ses protagonistes pour expliquer l’histoire.

Le dialogue donne une information, mais il ne doit pas pour autant trop en donner ! Pour pallier un oubli ou une incohérence scénaristique, la tentation est grande de fournir l’explication à travers un dialogue entre les personnages. Seulement celui-ci risque rapidement de s’étendre, et donc d’ennuyer le spectateur. Si vous devez tout expliquer par un dialogue, c’est qu’il y a quelque chose à revoir dans votre scénario. Exception faite peut-être des dialogues dits « de résolution », à la Hercule Poirot…

Mais prenez garde aux non-dits ! Certains éléments « obscurs » n’ont pas d’explication à la fin du scénario, mais ils donneront l’impression d’une maladresse scénaristique plutôt qu’un effet mystérieux. Rappelez-vous que ce qui est connu de vous ne l’est pas forcément pour le spectateur. Laissez-lui suffisamment d’indices pour qu’il puisse faire ses déductions lui-même.

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Conseil n°3 : éviter le dialogue explicatif.

Petite nuance par rapport au conseil n°2, ici le terme « explicatif » fait référence à l’image que le dialogue accompagne. Les didascalies présentes dans le scénario seront visibles à l’écran, il n’est donc pas nécessaire de les retrouver dans le dialogue.

Exemple : Ben descend les escaliers à toute allure. Il rate la dernière marche et tombe. Il pousse un gémissement de douleur et se tient la cheville. Laura accourt, attirée par le bruit.

LAURA
Ben ! Oh mon dieu, ça va ? Tu t’es fait mal à la cheville ?

Par l’image, le spectateur a déjà compris que Ben s’était tordu la cheville. La réplique de Laura n’est pas pertinente. À la place, elle pourrait très bien déclencher une action :

LAURA
Ben ! Ça va ? Est-ce que tu peux te relever tout seul ?

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Rappelez-vous : clarté et concision amènent mieux l’information.

Conseil n°4 : rester crédible et laisser parler les personnages.

Un conseil qui peut paraître évident, mais que l’on perd parfois un peu de vue. Pour que l’histoire soit crédible, les dialogues doivent être crédibles. Cela est possible quand les personnages sont travaillés, approfondis en amont. Un gangster ne va pas s’exprimer poliment, un enfant dira des mots simples et fera des phrases plus courtes… Il est aussi possible que ces personnages évoluent, et par conséquent leur manière de parler aussi. Ainsi, le gangster pourra s’adoucir par amour, et l’enfant devenu adolescent emploiera des mots plus complexes.

Mais comment laisser parler les personnages ? Si vous avez bien pris le temps de travailler vos personnages, vous devriez avoir une idée assez précise de leur manière de penser, de se comporter… et le dialogue s’écrira naturellement. Evitez les considérations philosophiques et les belles lettres (sauf si vos personnages sont de haute naissance, vivent à une autre époque…). Un dialogue de scénario est fait pour être parlé et entendu, pas lu. Il faut également prendre en considération l’état dans lequel se trouve le personnage (calme ou agité, triste ou heureux…) pour écrire une réplique qui semblera naturelle. Par exemple, un adolescent pris d’accès de colère ne dira jamais « Tu m’exaspères ! »

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Petite astuce bonus : lisez vos dialogues à haute voix (ou faites-les lire par d’autres si vous ne vous sentez pas l’âme d’un acteur), c’est la meilleure manière de se rendre compte si les échanges sonnent « faux » ou si l’enchaînement n’est pas naturel. Un dialogue de scénario a un rythme, celui du langage oral.


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Netflix vs. Spielberg : une guerre sans fin ?

Netflix vs. Spielberg : une guerre sans fin ?

Vous en avez très certainement entendu des échos. Suite à la cérémonie des Oscars 2019, une altercation entre Spielberg et Netflix a enflammé la toile. Pour résumer, on en revient au débat salle de cinéma versus télévision / streaming, et à l’archaïque contre le novateur. Mais est-ce vraiment un débat sans issue ?

Team Spielberg : rien n’égale l’expérience en salle

Steven Spielberg est un firm believer du cinéma pour grand écran. Dans son discours d’acceptance du prix du meilleur réalisateur aux Cinema Audio Society’ CSA Awards, il rappelle qu’« il n’y a rien de pareil que d’aller dans une grande salle de cinéma plongée dans la pénombre, avec des personnes qui nous sont inconnues, et de se laisser submerger par le film. »

Steven Spielberg - ©HBO
Steven Spielberg – ©HBO

De fait, le cinéma est tout un art qui consiste penser « grand », penser « autour » du spectateur qui se retrouve, de manière assez littérale, plongé au coeur de l’histoire. Le réalisateur salue les progrès technologiques en matière de télévision, mais « [je] ne pense pas que des films à qui l’on a simplement plaqué un gage de qualité et qui ont été diffusés dans quelques salles de cinéma pendant un peu moins d’une semaine devraient faire l’objet d’une nomination par l’Académie des Oscars. »

Il déplore également la tendance des studios de production qui préfèrent des films conditionnés pour le petit écran, à succès garanti et (exclusivement) diffusés sur les plateformes VOD, aux dépends des films d’auteurs. Pour lui, après l’arrivée de la télévision, c’est le streaming (dont Netflix) qui menace aujourd’hui le cinéma hollywoodien.

Team Netflix : un accès à l’art cinématographique pour tous

C’est par l’intermédiaire des réseaux sociaux que Netflix a répondu au réalisateur de Ready Player One, dans un tweet qui prône un accès universel à l’art cinématographique.

« Nous aimons le cinéma. Voici d’autres choses que nous aimons :
– l’accès [au cinéma] pour ceux qui ne peuvent pas toujours s’offrir une séance, ou qui vivent dans des villes sans cinémas
– permettre à tout le monde de profiter des sorties de films en même temps, partout
– donner aux réalisateurs un nouveau moyen de partager leur art

Ces choses ne sont pas incompatibles. »

3- Vers de nouveaux modes de consommation cinématographique ?

Ces échanges ne sont bien entendu pas passés inaperçus dans la sphère cinématographique. Beaucoup se sont exprimés sur la question de manière plus ou moins exaltée, certains prenant parti, d’autres préférant offrir des témoignages. Parmi eux, le réalisateur et scénariste Paul Schrader, qui fait remarquer via Facebook que Netflix choisit lui aussi les films qu’il diffuse. Il donne en exemple son film Sur le chemin de la rédemption (First Reformed en anglais).

Enfin, il y a ceux qui, comme le réalisateur Sean Baker, évoquent l’idée d’un compromis entre les deux partis apparemment inconciliables.

« Et si Netflix proposait une option « cinéma » dans leurs forfaits ? Pour un supplément modique, les abonnés Netflix pourraient regarder des films Netflix au cinéma gratuitement. Je serais moi-même prêt à dépenser 2 dollars de plus pour regarder des films comme Roma ou La Ballade de Buster Scruggs sur grand écran. »

« Cela conviendrait à la fois aux propriétaires de cinémas et aux spectateurs qui préfèrent l’expérience d’une salle de ciné. »

« C’est juste une idée comme ça. Mais nous devons trouver des solutions où chacun doit donner du sien pour que la communauté cinématographique (incluant les propriétaires de salles de cinéma, les festivals et les distributeurs) reste vivante et dynamique. »

La solution proposée par Sean Baker apportera-t-elle la catharsis ? En attendant, n’hésitez pas à nous partager votre point de vue sur la question !


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