Plan séquence, terme cinématographique aussi ancien que le cinéma, passionne dans le milieu de l’audiovisuel, de part sa complexité que par la fascination que cette technique procure, tant aux professionnels qu’aux spectateurs.
Pourquoi est-ce tant un fantasme dans le monde de l’audiovisuel ? Comment faire pour le réussir ? De la durée aux exemples marquants dans le cinéma et clips, on vous dit tout !
Qu’est-ce qu’un plan séquence ?
Du mouvement
Un plan séquence est une séquence constituée d’une unique prise de vue, principalement en mouvement et sans coupure.
« Mais du coup, filmer un caribou en plan fixe durant plusieurs minutes fait-il de moi un maître du plan séquence ? »
Non. Le plan séquence ne doit pas être confondu avec le “longshot“, qui consiste en une scène complète sur un cadrage fixe. Le plan séquence a un cadre mobile qui permet une liberté dans l’espace de la scène. C’est aussi en partie grâce à l’invention du steadycam en 1970 que le plan séquence a pu se démocratiser.
A l’exception du “Mannequin Challenge” qui était à la mode il y a quelques années (n’ayez pas honte, on y tous passé, même Ludoc !) dont le concept était de filmer une scène figée, le plan séquence se distingue aussi par la succession d’actions qui le compose.
De l’action
En effet, qui dit plan séquence dit lourde préparation technique, mais aussi un énorme travail de chorégraphie millimétrée et une organisation militaire. La gestion des figurants ainsi que des acteurs, qui subissent une forte pression liée aux conséquences d’une potentielle erreur, mais aussi l’équipe déco, lumière et j’en passe qui sont souvent eux aussi mis à rude épreuve. Un bel exemple ci-dessous !
Une durée
Un plan séquence peut donc durer de quelques secondes à plusieurs minutes. À l’époque des bobines, la limite physique de celle-ci était de 300 mètres, soit environ 12 minutes. Il était donc techniquement impossible de réaliser un plan séquence de plus de 12 minutes,- sauf quand on s’appelle Hitchock, mais nous y reviendrons plus tard.
A l’ère du numérique où nos caméras peuvent tourner des heures non-stop : plus aucune excuse ! Mise à part certains modèles semi-pro souffrant de problèmes de surchauffe, il n’y a plus tellement de limite technique concernant la durée d’un plan séquence.
Un fantasme des réalisateurs
Réussir un plan séquence est souvent un rêve pour les vidéastes. Mais pourquoi ?
Dans les faits, un plan séquence apporte un dynamisme tout particulier à une scène. La plupart du temps on supprime une dimension fondamentale au cinéma : l’élipse temporelle. Tout se passe au moment présent. On ne peut plus s’échapper par un bond dans le temps : la scène se déroule sous nos yeux, dans la continuité inébranlable du temps qui nous ramène à une expérience que l’on a déjà tous déjà éprouvé : la vraie vie. Mais comme vu dans la vidéo plus haut, ce n’est pas souvent le cas.
Un challenge technique
Transmettre l’expérience du vrai dans une industrie où tout est faux demande un talent bien réel.
Tout d’abord, cela implique un timing extrêmement précis ; les déplacements, dialogues, et mouvements de caméra doivent être calculés, maîtrisés et répétés. Le moindre faux pas sur n’importe quel point, qu’il soit de devant ou derrière la caméra, oblige à recommencer le plan dans son ensemble.
Faire un plan séquence, c’est se challenger en sortant de la zone de confort habituelle du cinéma, où tout est faux, reconstitué et monté de tel sorte à donner l’illusion du vrai. C’est multiplier les risques et les erreurs. C’est aussi demander le meilleur de tous les corps de métiers au même moment.
Pourquoi un plan séquence ?
En effet, ne tombez pas dans l’erreur de vouloir faire l’apanage de la technique et de vos compétences au détriment du reste !
Le plus important est de savoir le pourquoi. Le plan séquence doit pouvoir se justifier par la volonté narrative. C’est avant tout un outil pour raconter une histoire.
Le plan séquence, c’est faire vivre à nos spectateurs un moment de réel. Pour une fois, le cinéma s’accorde avec la réalité sur une dimension : le temps. Et par ce biais, on nous transmet toute la tension, l’incertitude, l’émotion que l’on retrouve dans nos vies.
Les films plans séquences dans le cinéma
- Victoria – Sebastien Schipper (2015)
- L’Arche russe – Alexandre Sokourov (2002)
- Blindsone – Tuvo Novoty (2018)
- Fourplay – Dean Matthew Ronalds (2018)
Les plans séquences qui ont marqué le monde du clip
Orelsan – basique
OK Go – I won’t let you down
Chet Faker – Gold
Le faux plan séquence
Un plan séquence n’est jamais simple à maîtriser, comme dit plus haut, cela demande énormément de synchronisation. C’est pour cela qu’il y a une alternative, Les faux plans séquences : Hitchcock y a pensé, puis ça a été repris jusqu’au film Birdman puis 1917.
Qu’est-ce qu’un faux plan séquence ?
Le raccord
Un faux plan-séquence est constitué de plusieurs séquences assemblées avec une continuité entre elles. Le film 1917 est le plus récent en matière de faux plans séquences. Les transitions se font de manière subtile.
Cette technique s’est énormément démocratisée avec l’arrivée de la post-production numérique, notamment grâce aux masques.
Pourtant à l’époque ce tour de passe-passe soulevait plus de problématiques. C’est ici qu’Alfred Hitchcock a innové en proposant en 1948 ” La Corde “, le premier film en faux plan séquence de l’histoire du cinéma.
Comme nous l’avons vu plus haut, les limites techniques de l’époque ne permettaient pas plus de 12 minutes de captation par bobine. Ce n’était pas du goût d’Hitchock, qui a vu en cette limite une source de créativité.
Créativitié
Aujourd’hui encore, les limites technique ne posant plus les mêmes problématiques, certain tentent d’aller encore plus loin. Voici un bel exemple des possibilités qu’offre la post-production en terme de challenge technique et créatif.
À travers cette première partie nous avons pu voir l’histoire du plan séquence, ces différents formats et pourquoi il fascine et passionne tant. Quels sont les plans séquences qui vous ont le plus marqués ?
Mais du coup comment réalise-t-on un plan séquence ? Nous répondrons à cette question dans un futur article détaillé qui arrive très prochainement.
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Super article ! Merci beaucoup