Interview : Florent Aceto pour Action contre la Faim

Interview : Florent Aceto pour Action contre la Faim

Florent Aceto est photographe et réalisateur indépendant. En 2016, il crée l’agence Wildbee, spécialisée dans la production vidéo. Il nous raconte son expédition en Irak et en Jordanie en octobre 2018 pour Action contre la Faim.

Florent, parle-moi de ce projet pour Action contre la Faim :

C’est un projet sur lequel j’ai été amené à travailler par le biais de mon agence, Wildbee. Ce projet a eu lieu en octobre dernier (2018), le tournage a duré une dizaine de jours. J’ai suivi deux professeurs français dans le cadre de la Course contre la Faim, un événement organisé par l’ONG. Cet événement a lieu dans les écoles françaises, et c’est la première fois dans l’histoire d’Action contre la Faim que des professeurs partaient sur le terrain pour découvrir les programmes qui sont mis en place. J’ai été mandaté pour réaliser le reportage de cette visite, et donc d’aller au contact des bénéficiaires et des équipes de l’ONG en Irak (au Nord) et en Jordanie.

Un camp de réfugiés - ©Florent Aceto
Un camp de réfugiés – ©Florent Aceto

Comment prépare-t-on un tournage en Irak et en Jordanie ?

C’est vrai qu’il y a normalement beaucoup de contraintes. Il faut bien sûr obtenir une autorisation de tournage sur le territoire, des visas dans un cadre humanitaire… Comme ce projet était dirigé par Action contre la Faim, c’est plutôt leurs équipes qui se sont chargées de la production. En terme d’administration, ils bénéficient du statut d’ONG donc c’est un peu particulier.

J’ai également suivi une formation de sécurité dispensée par des anciens militaires et humanitaires, obligatoire depuis 2018 pour les équipes humanitaires et le personnel extérieur comme moi. Cette formation dure 3 jours, on apprend à réagir en cas d’éventuelles attaques, prises d’otages, etc. De nombreux journalistes suivent aussi cette formation, c’est recommandé quand on part dans des pays « à risque ».

Et puis il y a bien sûr la liste matériel, je pense que c’est surtout ça qui t’intéresse (rires). Il faut trouver le matériel qui conviendra le mieux à ce type de projets, sachant qu’il faut être mobile et pas trop lourd. Là, j’étais tout seul dans l’équipe technique — j’étais cadreur et JRI (journaliste reporter d’images, NDA) — donc je voulais une caméra qui donne de belles images sans être trop contraignante en terme de poids. J’ai cherché parmi des loueurs plus « classiques » et sur LightyShare, et je suis tombé sur le pack Canon EOS C200 loué par Aurélien. C’était l’offre la plus intéressante en terme de prix, et puis j’ai eu un bon feeling avec Aurélien. Je l’ai bien entendu rassuré sur le cadre et les conditions de sécurité dans lesquelles j’allais filmer (rires).

Florent Aceto et sa caméra - Crédit photo ©Forent Aceto
Florent Aceto et son matériel – ©Forent Aceto

Est-ce que tu as rencontré des problèmes relatifs aux conditions climatiques et météorologiques de la région ?

Ca n’a pas posé de problème au niveau du matériel, heureusement ! C’est vrai que nous avons eu un peu de tout : la pluie, la chaleur, les tempêtes de sable… Pour le sable, j’avais prévu le coup. Lors de la formation de sécurité, un des militaires m’avait conseillé d’emporter du strap élastique comme on trouve dans les pharmacies, pour envelopper la caméra. Je n’en ai finalement pas eu besoin ; quand nous étions bloqués dans la tempête j’ai utilisé une sorte de foulard, c’était suffisant. Bon, la caméra était un peu poussiéreuse en rentrant, donc je l’ai soigneusement nettoyée avant de la rendre à Aurélien (rires).

As-tu d’autres anecdotes, ou des événements marquants, de ce tournage à nous partager ?

Pas d’anecdotes particulières, mais c’est vrai que le contexte du tournage en lui-même était assez marquant. Nous avons visité un camp de réfugiés syriens en plein désert jordanien. C’est forcément impressionnant de voir un camp de 40 000 personnes, qui devient un peu comme une ville, finalement. C’est un agencement très bien organisé de petits baraquements, de tentes, d’abris construits par des ONGs. Il y a dedans une population qui vit tant bien que mal, dans une période de transition qui peut durer déjà depuis 4 ou 5 ans selon les familles. C’était un point clef du tournage.

Je pense aussi qu’on a tous été émus par les enfants. Surtout pendant la tempête de sable, qui s’est levée pendant la sortie des classes — il y a 4 petites écoles dans le camp. Voir les enfants courir comme n’importe quels autres enfants, évoluer dans cet environnement hostile, c’est vraiment émouvant. Donc non, pas d’anecdotes, mais des moments marquants et forts. C’est un contexte particulier, tellement loin de ce qu’on peut vivre en France, ou ailleurs.

Les enfants dans la tempête de sable - ©Florent Aceto
Les enfants dans la tempête de sable – ©Florent Aceto

Après, sur le reste du voyage, j’ai beaucoup apprécié l’Irak. Surtout la population locale, on a été super bien accueillis partout. C’était assez impressionnant de voir comment travaillent les grosses ONGs comme Action contre la Faim. On se rend vraiment compte de tous les procédés mis en place pour aider les populations. D’un point de vue extérieur, on a du mal à visualiser. On sait qu’il y a des demandes de dons, mais certains disent que l’argent est mal utilisé, parfois détourné… Pour avoir vécu l’expérience, j’ai réalisé qu’il y avait vraiment beaucoup de travail et les équipes font de réels efforts pour faciliter le quotidien des populations locales.

Est-ce que voir tout ça t’a influencé dans le montage, est-ce que tu avais déjà une direction de réalisation précise…?

Je n’avais pas vraiment d’idée d’orientation technique ou esthétique précise. Pour moi, la mission n°1 était déjà d’avoir des images. Avant le départ, on ne savait pas trop ce qu’on allait pouvoir filmer ou pas. Tout s’est fait vraiment comme un reportage, en impro. Donc l’objectif en terme d’esthétique c’était d’avoir les images les plus qualitatives possibles. Les plus proches de la réalité aussi, bien entendu. L’idée était de retracer le plus fidèlement possible le voyage des deux professeurs dans le premier film que nous avons sorti. Il y en a encore deux autres en cours de montage. L’un est spécifique à l’Irak, et l’autre à la Jordanie.

Reportage réalisé par Florent Aceto en Irak et Jordanie à l’occasion d’une visite de programmes humanitaires par deux professeurs français, participants de la CCF.

Pour les deux autres vidéos qui vont sortir, l’objectif est de montrer les programmes qui sont mis en place là-bas. Le public verra comment Action contre la Faim utilise l’argent des dons.

Je suis assez satisfait du rendu, malgré le temps très court de tournage — on ne restait chaque fois sur place qu’une heure ou deux pour des contraintes de sécurité. Satisfait de la caméra aussi, elle est simple d’utilisation, le rendu image et son est satisfaisant à un niveau professionnel.

Quels sont tes prochains projets ?

Je travaille sur pas mal de petits projets en ce moment, sans compter le montage des deux autres films pour Action contre la Faim. Dernièrement, nous avons réalisé le clip vidéo d’une artiste indépendante. Il y a également une série de vidéos pour une startup en préparation, des captations, des reportages…

Mais le plus gros projet de l’année, qui nous tient depuis un bout de temps, c’est le studio. On a ouvert un plateau de tournage à Montreuil dans une ancienne usine, il y a un peu plus d’un an, avec un cyclorama 3 faces. C’est un projet qui nous demande du temps mais qui est en train de prendre de l’ampleur. On l’a d’ailleurs mis en location sur la plateforme LightyShare, j’espère que cela amènera du monde (rires).


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Alexis Néret, réalisateur, nous raconte son dernier tournage

Alexis Néret, réalisateur, nous raconte son dernier tournage

Membre de la communauté LightyShare, Alexis Néret, 27 ans, est un comédien, réalisateur, metteur en scène et scénographe.

Comédien, réalisateur, peintre… Racontez nous votre parcours, qu’est ce qui vous a amené à l’audiovisuel ?

« J’ai commencé au théâtre quand j’étais enfant, je suis comédien de formation. D’ailleurs, je continue de jouer dans des pièces. Je n’ai jamais arrêté le théâtre, j’adore ça !

Mais à un moment j’ai essayé de voir un peu partout. Être comédien c’est bien, mais j’avais envie de créer par moi-même et d’avoir de la liberté.

Du coup, je me suis dit « j’ai des idées donc je vais essayer de réaliser mon premier court métrage », qui n’a pas été un grand succès. Je n’ai pas fait de formation classique dans le milieu scolaire, alors pour avoir de l’expérience, je suis passé à l’assistanat réalisation et à la régie pour apprendre sur les plateaux. J’ai tout appris sur les plateaux. »

Vous faites parti d’un collectif, We Are Made. Comment vous êtes-vous connus ?

« On s’est connus grâce à nos expériences dans l’assistanat de plateaux. On a fini par construire toute une équipe, comme une famille avec qui nous travaillons tous le temps.

C’est un collectif de 15 personnes, constitué de tous les postes. On est tous très polyvalents, on peut tous passer du montage à la réalisation, ou être devant la caméra.

On a réalisé pas mal de projets ensemble : une web série, un moyen-métrage, la compétition 48h Film Project… Et Marguerite, notre court-métrage. »

Parlez-nous de votre court métrage, Marguerite

« À la base, c’est un projet que j’ai écrit pour le Nikon Film Festival, qui durait donc 120 secondes. Et j’ai eu envie de pousser le projet, donc j’ai écrit la suite pour le présenter officiellement à Cannes.

Marguerite est un court-métrage fantastique. C’est la rencontre entre un homme et le fantôme d’une femme. Au fil du temps, elle lui révèle certaines choses et lui fait ressurgir des souvenirs oubliés. Ainsi, par toute une série de flashbacks on reconstitue son passé. »

Et techniquement, comment avez-vous procédé ?

« Techniquement le court-métrage a été possible grâce à LightyShare et à Gabriel (ndrl : propriétaire sur LightyShare), qui nous ont permis de louer une caméra de cette qualité à un coût moindre.

J’ai fait moi-même un storyboard de 25 pages qui m’a pris 2 jours. Ensuite on a tourné le court métrage en 4 jours, avec une équipe de 20 personnes, dans un château à 3h de Paris.

Il a aussi fallu rendre crédible le fantôme, grâce à une superposition de couches en shootant plusieurs fois sur plusieurs fonds différents, et également grâce à du maquillage FX. Mais surtout, on a quelqu’un de l’équipe qui réalise les montages et qui est spécialisé en effets spéciaux.

On a également dû faire quelques concessions de réalisation pour cause de moyens en privilégiant uniquement des plans fixes pour certaines scènes. »

Pour ce projet vous avez loué la Red Epic Dragon sur LightyShare, pourquoi ce choix de caméra ?

« Avant tout pour la possibilité de filmer en 6K, notamment pour les effets spéciaux mais aussi toutes les possibilités qu’elle offre. La qualité d’image et le grain sont géniaux. »

Quand pensez-vous que l’on pourra voir Marguerite ?

« Dans un premier temps il y aura seulement une projection pour présenter le film. Puis on le présentera dans des festivals en France et à l’international.

Par la suite, il sera publié sur internet mais ce n’est pas prévu pour tout de suite. On réalisera peut-être un petit teaser pour les plus impatients ! »

Nous remercions de nouveau Alexis pour son temps, et souhaitons longue vie à son film Marguerite !