En slow motion ou en stop motion, truffés de post prod ou en plan-séquence, drôles ou extrêmement sérieux, les clips sont devenus le support privilégié de la musique à l’heure d’internet. Voyons ensemble quelques clips dont la créativité et les effets visuels nous ont interpelés chez LightyShare…
1. Breezeblocks – Alt-J
Alt-J (∆) est un groupe de rock alternatif anglais. Formé en 2007, le groupe s’est vraiment fait connaître en 2012 avec leur album An Awesome Wave et notamment leur titre Breezeblocks.
Étonnamment, la chanson Breezeblocks (parpaings) s’inspire du livre Max et les Maximonstres (Where the wild things are) de Maurice Sendack, célèbre auteur pour enfants décédé en 2012. Dans la biographie qui accompagne l’album, le groupe explique avoir voulu évoquer les sentiments violents d’un amour à sens unique.
Breezeblocks, c’est l’histoire d’une dispute, d’une lutte entre un homme et une femme, dont la finalité est un meurtre. Cet affrontement, on le ressent sans le voir, dans la mélodie et dans les mots. Le clip offre un réel plus à la chanson. Pourquoi ? Parce qu’il est à l’envers : on commence par la fin de l’histoire et on remonte le temps. Et ça ne veut pas forcément rien dire.
L’intérêt de l’analyse ne repose pas sur les faits, mais plus sur leurs motivations. Essayer de comprendre pourquoi cet homme et cette femme en sont arrivés là. Bien que Alt-J (∆) et Ellis Bahl, réalisateur du clip, laissent une liberté d’interprétation, certains éléments permettent de comprendre l’intrigue.
En effet, ce n’est pas un hasard que le clip soit « à l’envers ». Il y a deux sens possibles à cette histoire. On est tenté de revoir le tout dans l’ordre chronologique réel : le mari rentre, sauve sa femme et tue « accidentellement » son ex.
Cependant, regarder le clip dans l’ordre « original » dessine une toute autre histoire. On voit l’homme qui fait presque revivre son ex et choisit de revenir vers elle. Ils évoluent alors dans l’appartement où ce qui a pu être brisé par le passé se reforme, se répare, tout se remet en ordre progressivement. Puis le clip se clôt sur le mari qui fait taire sa femme et s’en va nonchalamment.
Allez, on vous laisse vous faire votre propre idée avec le même clip, mais dans l’ordre chronologique réel cette fois…
2. Go Up – Cassius
Le duo français Cassius a sorti un clip sublime pour « Go Up », extrait de l’album Ibifornia, sorti en 2016. Réalisé par Alexandre Courtès, il fait appel à la technique de l’écran divisé, ou split screen. A chaque fois, deux images qui n’ont a priori rien à voir sont rassemblées, donnant lieu à des associations surprenantes. Un régal.
Le réalisateur a déjà réalisé trois clips pour le groupe : «Cassius 1999» (1999), «I Am a Woman» (2002), «The Sound of Violence»(2002), avant de se lancer dans ce dernier projet, «Go Up». « Au départ on voulait qu’il y ait un acteur, mais finalement le budget ne le permettait pas. Alors on s’est adapté. De la, l’idée d’un clip en écran scindé a émergé.»
« On est parti sur ce projet de séparer l’écran en deux. De chaque côté de l’écran, il y aurait une vidéo qui n’aurait rien à voir avec l’autre. Mais une fois ensemble, elles en formeraient une troisième. Je voulais m’amuser avec ça », précise Alexandre Courtes. « L’idée de « Go Up », c’était de parler de tout ce qui nous élève, que ce soit la religion, le cul, la drogue, le sport… Des thèmes spirituels ou non. Ça a été le point de départ de ma réalisation ».
3. Her Morning Elegance – Oren Lavie
Tirée de l’album « The Opposite Side Of The Sea » sorti en 2007, Oren Lavie livre un titre au clip très poétique. Une petite parenthèse de douceur à savourer sans modération. Rien de très révolutionnaire techniquement parlant, mais une chouette idée de base, appuyée sur du stop motion (animation image par image).
Aucun mal à imaginer le travail colossal qu’il y a derrière. Voici un petit aperçu du déroulement de la réalisation…
4. The One Moment – OK Go
Réputé pour sa musique enjouée et ses clips hallucinants, le groupe OK Go a réalisé un coup de maître avec le clip de leur single One moment. Il dure 4 minutes et 10 secondes. Pourtant, il a été tourné en 4,2 secondes !
Sur les 4,2 secondes de tournage, 54 explosions de sel coloré, 23 explosions de pots de peinture et 128 explosions de ballons de baudruche. Résultat ? Au ralenti, un déluge de mouvements et de couleurs… Regardez :
Pas mal, non ? Cette vidéo a mobilisé plus de 100 personnes pour deux semaines de tournage ! Un concept (le slow motion) bien connu aujourd’hui, souvent utilisé, mais toujours aussi impressionnant. Surtout lorsque l’on sait que derrière tout cela se cache une bonne dose de mathématiques…
5. Up&Up – Coldplay
Réalisé par Vania Heymann et Gal Muggia, respectivement vidéaste et photographe de formation, le clip d' »Up & Up » est absolument magique. Cette vidéo met en scène des situations de la vie quotidienne avec des effets d’optique. Une réalisation qui joue avec les échelles de taille et qui défie toutes les lois rationnelles de l’univers. Le résultat est bluffant et laisse songeur.
Merveilleusement poétique, le clip a surpris les fans, mais aussi réinjecté un peu de poésie dans leur univers :
Les réalisateurs ont en effet mêlé des images relatant des événements historiques du XXème siècle à des images de la vie courante d’aujourd’hui. Ils nous plongent ainsi dans un univers fantastique ouvrant les portes de l’imaginaire. On en oublierait presque que tout ça a été entièrement réalisé numériquement…
6. No Reason – Bonobo feat. Nick Murphy
Réalisé par Oscar Hudson – récompensé par le prix ‘Best New Director’ aux UK Music Video Awards – le clip No Reason vous invite dans un voyage étrange. A la manière d’Alice au pays des merveilles, le personnage principal grandit et les objets qui l’entourent rapetissent. L’espace temps est lui mis en scène en passant de porte en porte, mais sans jamais quitter la pièce.
La vidéo s’inspire d’un phénomène japonais que l’on appelle « hikikomori ». De jeunes Japonais se sentant si oppressés par la vie quotidienne qu’ils en viennent à ne plus sortir de leur chambre, pendant plusieurs années parfois.
Oscar Hudson précise que le clip a été tourné en utilisant une seule caméra miniature, sans effet : « adaptée pour la faire passer par ces mini-portes. Tourner cette vidéo en utilisant des effets spéciaux aurait été mille fois plus simple mais, à mes yeux, c’est l’aspect physique des choses et leur imperfection qui rendent ça très singulier et, je l’espère, plus impactant. »
Afin de réaliser ce clip, le réalisateur a donc eu recours à plusieurs techniques de mise en scène. Pour commencer, il crée sur un même plateau une succession de dix-huit pièces toutes semblables, mais dont les dimensions se réduisent afin de démontrer la sensation d’enfermement. Pour garder une cohérence malgré les changements d’échelle, de nombreux techniciens ont travaillé d’arrache-pied pour reproduire les meubles, objets et bibelots qui meublent la pièce originale. Un travail titanesque qui s’avère payant lorsque l’on regarde la séquence dans son ensemble. On pourra aussi noter l’utilisation d’acteurs aux physiques similaires, encore une fois pour conserver la cohérence de l’ensemble.
Afin de capturer la scène, le réalisateur a utilisé une petite caméra placée sur un rail qui traverse l’ensemble des 18 pièces, et manœuvrée par un système de câbles et de poulies…
7. Talk is Cheap – Chet Faker
Qui se rappelle de l’incroyable remix de « No diggity » par Chet Faker, ce célèbre musicien électro ? Si ce morceau vous a impressionné, il n’en sera pas moins pour « Talk is Cheap ».
On aime les paroles, mais on aime surtout le clip pour la qualité du montage vidéo et des effets spéciaux. « Nous n’avons qu’un moment éphémère alors faites que ça compte », dit Chet Faker.
Couvrant quatre saisons en trois minutes et trente secondes, cette vidéo illustre l’idée que nous n’avons que peu de temps pour se faire remarquer et faire entendre notre voix avant que nous passons. Nous assistons à la vie et la mort de Chet Faker comme il chante le refrain de son dernier single.
En effet, le clip combine différentes techniques : maquillage, stop motion, time-lapse : on y voit le visage du chanteur qui vieillit au fil des saisons. Le résultat est tout simplement époustouflant une fois combiné avec cette musique très prenante dont seule Chet Faker a le secret.
8. Someday – Weval
Accrochez-vous. On vous offre une petite pépite à partager sans modération. Avec son clip géométrique et vertigineux « Someday », le duo néerlandais Weval hypnotise. Le clip du titre, produit par l’artiste Páraic Mc Gloughlin, est issu du deuxième album du groupe, The Weight sorti en mars 2019 sur le label Kompakt.
Des escaliers aux portes, en passant par les bouches d’égout et les mosaïques, des milliers d’images défilent devant les yeux en l’espace d’un instant, sous une musique électronique expérimentale. Un régal.
Des milliers d’images défilent sous nos yeux en l’espace d’un instant. Le réalisateur et monteur, Páraic Mc Gloughlin, est un artiste Irlandais qui a fait les Beaux-Arts de Poznan en Pologne. Il livre là un hyper montage réalisé à partir de ses photos, de Google Earth et d’images de banque.
« Nous voulions créer un parcours abstrait avec un sentiment d’ambiguïté tenant des concepts sous-jacents : Où allons-nous, allons-nous dans la bonne direction? Notre situation sur terre est fragile, en tant qu’individus, en tant que peuple et la planète elle-même est délicate. Rien n’est sûr ; la vie peut changer radicalement pour le meilleur ou pour le pire en un instant. Nous pouvons craindre de perdre ce que nous avons, mais nous essayons de nous accrocher. »
9. Runnin’ – Naughty Boy feat. Beyoncé, Arrow Benjamin
La vidéo sur laquelle Queen B prête sa voix au titre du DJ Naughty Boy, aux côtés du chanteur anglais Arrow Benjamin, offre la vision onirique d’un couple emporté dans un ballet défiant les lois de la gravité.
Et c’est un couple d’apnéistes français qui se cache derrière ce clip !
Filmé au fond des eaux polynésiennes, le dernier clip de la star est l’œuvre du couple des champions niçois Guillaume Néry et Julie Gautier. Lui devant la caméra, elle derrière, en tant que co-auteur et co-réalisatrice.
« Chacun reste dans son univers, lui en bas, elle à la surface, sans jamais pouvoir se rencontrer, jusqu’à ce qu’ils changent leur façon de voir la vie », explique Julie Gautier. Loin d’être novices en matière d’images sous-marines, la réalisatrice autodidacte de 35 ans et son compagnon de 33 ans ont déjà fait parler d’eux en 2010, avec leur premier court-métrage Free Fall, une vidéo de base-jumping sous-marin, vue plus de 23 millions de fois sur YouTube.
C’est d’ailleurs en visionnant l’une de leurs œuvres, Ocean Gravity, que le réalisateur anglais Charlie Robbins, choisi par Naughty Boy pour tourner le clip, a eu l’idée de les associer au projet et les a contactés en février 2015.
Réalisé au début du mois de juillet 2015, le tournage du clip aurait duré quatre jours dans les eaux cristallines de Rangiroa, en Polynésie française, afin de donner vie à ce rêve aquatique. « Les prises de vues, filmées en plongée bouteille, ont été réalisées sans effets spéciaux, en lumière naturelle et par quinze mètres de fond maximum », explique Julie Gautier.
Pour les accompagner dans cette aventure, Guillaume et Julie ont fait appel à la française Alice Modolo, vice-championne du monde d’apnée et amie de longue date. La participation de la sportive, qui se retrouve à courir à l’envers sous l’eau pendant une bonne partie du clip, a été particulièrement technique. « Cela a nécessité un gros travail de préparation en amont, à Nice, pour avoir un rendu esthétique et crédible », raconte Julie Gautier…
Pour le making of, cliquez ici !
10. Crossing Borders – Booka Shade feat. Fritz Kakbrenner
Booka Shade est un groupe de tech-house allemand actif depuis 2002. Reconnus par leurs pairs comme des pionniers de la musique électronique depuis près de 20 ans, mais également pour leur talent de remixers (Parmi leurs clients : Moby, Depeche Mode, Kings of Leon…).
Aujourd’hui nous allons plus particulièrement nous intéresser à la collaboration avec Fritz Kalkbrenner : “Crossing Borders” et son clip psychédélique. Véritable petite prouesse technique, photographie impeccable pour un résultat incomparable et atypique.
Pour obtenir ces images incroyables, le groupe a fait appel au studio Pier Pictures avec la complicité de Octofilms et 360Heros. On vous invite à visionner le making-of ci-dessous qui est encore plus impressionnant que le clip en lui-même…
Et en bonus : Wide Open – The Chemical Brothers feat. Beck
On ne pouvait pas vous laisser comme ça alors pour finir, on vous propose de découvrir cette collaboration avec Beck, issue de Born In The Echoes, le dernier album du duo de Chemical Brothers. Elle offre un clip de toute beauté dirigé par Dom & Nic (Nic Goffey et Dominic Hawley).
On retrouve la magnifique danseuse Sonoya Minuzo , qui devient petit à petit organique et mécanique, une transformation surnaturelle impressionnante mis en scène par Wayne McGregor. Déconcertant et poétique à la fois.
Ce n’est pas la première fois que les Chemical Brothers font appel à Dom & Nic : ils avaient déjà réalisé le clip de « Believe » en 2005, puis ceux de « Salmon Dance » en 2007 et de « Midnight Madness » en 2008.
La difficulté du projet : le clip ne comporte qu’un seul plan séquence. Il a donc fallu faire appel à du scan 3D (par LIDAR), mais aussi à de la motion capture.
L’équipe des VFX bien connu « The Mill » a travaillé en étroite collaboration avec les directeurs Dom & Nic pour parvenir à cet effet en effectuant un suivi minutieux des mouvements de la danseuse afin de remplacer ses membres et finalement tout son torse, avec un maillage de maillage 3D.
La numérisation par photogrammétrie a été utilisée pour créer un modèle entièrement numérique du corps, y compris des textures réelles.
David Fleet, responsable 3D, commente : «La complexité de ce projet est ce qui le rend unique. La quantité de suivi du corps et de la caméra représentait à elle seule un défi de taille, tout comme d’éclairer de manière homogène et uniforme un shoot aussi longtemps que celui là. »…
Lequel de ces clips avez-vous préféré ? N’hésitez pas à nous le dire en commentaires et à rajouter ceux qui pour vous manquent dans notre liste !
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merci c cool de voir tous ca
mais aucun clip francais, dommage..
On passe a la… nous les real de clip francais
https://youtu.be/7Qu7KOXu_V4
https://youtu.be/i8zEOMswVqc
https://youtu.be/a5U1dfqssNM
https://youtu.be/culm-ZlhLNQ
Vous avez pas honte de montrer que des clips réalisés par des hommes, Ou sont les femmes ? ( a part Julie Gautier mais qui n’est que co-réalisatrice)
Et bien moi je trouve ce post GENIAL !
Merci pour ces moments magiques,
ils sont tous bons, petite pref pour OKGo (technique) et No reason (onirique/tragique)
Merci encore